Wanna walk on your wave length (libre)

L'inconvénient quand on passe la moitié de son temps l'esprit égaré dans un monde parallèle, c'est qu'on ne fait pas attention à ce qu'il y a autour, et on se retrouve aussi paumée qu'Avril en cette nuit de décembre.
Elle errait donc depuis quelques heures, pas inquiète pour autant.
La jeune fille avait cependant préféré rester dans des endroits fréquentés, c'est pourquoi elle s'était retrouvée sur un banc, près d'un groupe de musiciens entourés d'une foule joyeuse. Mais cette agitation la mettait mal à l'aise.
Pour se détendre, elle sortit son carnet et commença à dessiner.
Une bougie, une cheminée...

Avril sursauta. Comme souvent, elle n'avait même pas remarqué qu'il y avait quelqu'un à côté d'elle. Et quelqu'un de l'Académie, en plus. Une jeune fille quelle avait déjà croisée dans les couloirs. Son apparence fragile contrastait avec la brusqueté de ses paroles et de ses actions. Avril s'était déjà demandé si elle ne jouait pas un rôle.

- Bonsoir. Je me suis perdue dans la ville. Et toi, tu es venue pour acheter un cadeau?

Avril venait de remarquer le paquet, et s'étonnait que cette fille toujours si seule décide d'offrir quelque chose à quelqu'un.

Elle était visiblement tombée sur quelqu'un de gentil. Enfin, tout est relatif... Mais Avril était agréablement surprise de l'offre de la jeune fille.

- Je ne voudrais pas déranger. Mais c'est vraiment gentil de le proposer. Tu as un problème avec ton cadeau?

Avril trouvait en effet que la fille était un peu trop tendue, et appuyait sûrement trop fort sur le paquet. Pourvu qu'il n'y ait rien de fragile dedans.

Bon, elle ne voulait pas parler du cadeau apparemment. Dommage, c'est justement ce qui intéressait Avril. Peut-être un peu par jalousie plus que par curiosité, d'ailleurs. Le jeune fille n'avait personne à qui offrir quoi que ce soit, elle...
Mais bon, au moins, elle allait pouvoir rentrer à l'académie.
Elle se dépécha pour arriver au même niveau que sa sauveuse.

- Merci beaucoup. C'est rare de trouver une Pain aussi serviable.

C'était le cas de le dire. Avril était presque sûre que n'importe quel autre Pain se serait foutu d'elle et l'aurait planté là, ou alors aurait commencé à la faire chier.

Le retard? Ah, oui, c'est vrai qu'il y avait un couvre-feu! Le genre de truc qu'Avril oubliait systématiquement.
En tous cas, la jeune fille dont elle ne savait toujours pas le nom n'aimait pas qu'on la trouve serviable? Bizarre. c'était un compliment, hein.

- C'était un compliment.
précisa-t-elle d'ailleurs.

- Au fait, tu t'appelles comment?

Madelaine. C'est vrai que c'était un peu vieillot. Et ça ne lui allait pas super bien. Le truc, c'est qu'Avril n'était pas super douée pour trouver des surnoms.

- Si je t'appelle juste 'Laine, ça te va? Et oui, moi c'est bien Avril.

Voyant que son aînée forçait l'allure, elle se dépécha également. Elle avait déjà eu la gentillesse de la ramener, elle n'allait pas en plus la ralentir.

Maddy... Oui, pourquoi pas. Elle verrait bien. par contre M. M. ne lui revenait pas.

- Oui, je suis dans la classe des...

Avril s'arrêta net. Pendant un instant, elle avait cru apercevoir... Evidemment, c'était impossible, mais dans la façon qu'avait cette petite vieille dame là-bas de se tenir, de marcher...
Comme souvent, un vague de culpabilité la submergea. Elle sortit son carnet de sa poche. Ellle avait besoin de dessiner, vite, avant que la crise n'arrive.

Avril venait de se déconnecter du monde réél, pour se plonger dans un autre à mi-chemin entre le délire angoissé et les souvenirs sombres. Se laissant tomber à genoux, elle se mit à dessiner frénétiquement. Un ours en peluche. Une théière. Une certaine petite maison. Le dessin était la seule chose qui pouvait la calmer dans ce genre de situation. Mais là, c'était pas gagné...

- Lâche-moi!

Instinctivement, Avril a repoussé violemment la personne qui venait de l'attraper par le bras. La vue du visage de Maddy la fait réintégrer illico le monde réel.
Oups. Comment expliquer que ce n'était pas vraiment à elle qu'elle parlait. En général, les gens ne sont pas très compréhensifs dans ce genre de situation...

- Ah, désolée, mais...

Avril resta abasourdie quelques secondes. Zut. La bourde. Mais elle avait pas voulu faire ça. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
Se relevant, elle courrut jusqu'à Maddy et lui barra le passage

- Attends! Je suis désolée, je voulais pas te faire tomber... je parlais pas à toi, tu sais, c'est juste...

Là, elle ne savait plus quoi dire. Alors elle se contenta d'enfoncer son visage dans son écharpe, histoire que M.M. ne voie pas les larmes dans ses yeux.

Bon. Pas très communicative. Avril suivit Maddy en trottinant. C'est là qu'elle eut un doute.

- Pourquoi t'es si pressée? Y a pas un couvre-feu, si?

Ah, oui, le réglement... Le bout de papier qu'on lui avait donné quand elle était arrivée... Elle s'en était servi comme support pour un de ses dessins.

- Oui, je comprends, il fait super froid...

Réfléchissant, elle demanda soudainement sur un coup de tête.

- Tu ressemble vraiment pas à une Pain... Pourquoi tu es là, au juste?