Le linge sale, il faut bien le laver... {PV Judgement ♥ }

Oui, parfois, Mieczy lavait son linge, oui parfois, il arrivait à vaincre sa flemme et monter tout ça dans la buanderie. Quel exploit.
Programme d'une heure, que faire durant ce temps ? Rien. Il avait oublié carnet de croquis, livre (première nouvelle, ce type sait lire...) et console de jeu dans sa chambre, et il n'avait aucune envie de voir son linge piétiné par quelques déséquilibrés comme cela pouvait arriver.
Le polonais s'assit donc sur une chaise réservée à cet effet, et coiffant son casque audio rose, il fermât les yeux, protégeant sa rétine de la lumière crue.

Quoi de plus ennuyeux que les tâches ménagères ? Mis à part devoir faire la chasse à un gremlins fou furieux, rien. Pourtant, comme tout le monde, Judge devait s'en occuper. Car, à son grand désespoir, tout le monde n'avait pas une foule de majordomes aux petits soins. Dommage.
Enfin, au moins, il pouvait se réconforter en se disant qu'il pourrait passer un petit moment au calme et seul dans la laverie. Ça devenait tellement rare.
...Sauf que non. Dés qu'il posa le pied dans la pièce, la première chose qu'il vit fut un autre étudiant, manifestement een train de dormir avec la musique à fond dans son casque audio. ...Malin.

Bha, après tout, il s'en fichait. Il balança ses affaires dans la machine, lança le programme et se cala sans bruit dans un fauteuil. Le plus éloigné de l'inconnu. Évitant l'ennuie, Judgement sortit un roman qu'il avait justement prévu à cet effet et se plongea dans sa lecture, tentant de faire fi de la musique de l'autre.

Spoiler:

Le son poussé au maximum peinnait déjà à couvrir le ronflement d'une machine à laver. une deuxième se fit entendre, et là, c'est le drame. Parce que oui, on a pas assez de sous pour des photocopies, alors les machines... Miecz ouvrit donc les yeux par pure curiosité, histoire de voir qui troublait son glandage.
Et quand on est myope, on plante. Souvent. ça se joue à des détails.
Et on se retrouve avec un type qui vous fixe, l'air aussi intelligent qu'un poisson rouge devant un fantôme.

Spoiler:

Pourquoi le regardait-il comme ça celui-là ? On aurait dit un hamster en mode what the fuck. Ça le déconcentrait, ça l'empêchait de lire, et c'était assez stressant dans le genre. Judge n'étant malheureusement pour lui pas du genre à s'énerver contre des inconnus, il se contenta de prendre son mal en patience... Ou pas.

- Un problème ?

Court, simple, efficace. Sauf qu'il se rendit compte que l'autre ne pouvait surement pas l'entendre, avec ses écouteurs à fond. Ou peu. N'ayant aucune envie de réitérer sa question, Judgement tenta de se replonger dans sa lecture.

Miecz, l'air toujours aussi abruti, regarda les lèvres de l'autre bouger. Dans le langage commun, on appelle ça "parler" me semble-t-il. Quelques secondes de réflexion, il secoue la tête, même s'il n'a rien compris. Ni oui, ni non, un mouvement plus destiné à lui aérer le cerveau qu'à communiquer.
Nouvelle étude après s'être nettoyé les verres. Non. Faux espoir.
Mieczyslaw est un sans gène, il met son casque autours du cou, se décale, tente de saisir quelques bribes de texte par dessus l'épaule de son voisin.

-Tu lis quoi ?

Question à la con.

Les types comme lui, sans-gênes au possible, Judge les avait en horreur. La seule chose qu'il avait envie de leurs dire, c'était quelque chose du style "Arrête de bouffer mon espace vital et parle au mur". De fait, un mur avait plus de chances de répondre au blondinet à lunettes que Judgement en avait de se mettre à danser une valse là, tout de suite, maintenant.
Malheureusement pour lui, pour le moment, l'intrus n'avait pas encore été assez impertinent pour que l'anglais ne puisse se permettre de l'envoyer balader. Sans rien dire, il referma rapidement le livre en marquant sa page, dévoilant la couverture de sa sempiternelle édition de Bilbo le Hobbit, vieille de plusieurs années. Son coté accro à l'heroic-fantasy était un des rares écarts qu'il s'autorisait.

Replongeant dans son bouquin, Judgement eut la croyance naïve qu'à présent, l'autre allait le laisser tranquille.

Miecz détailla rapidement la couverture de l'ouvrage. Il avait beau avoir du mal avec les livres de plus de trois-cent pages, même un pot de chambre abandonné en pleine forêt amazonienne connait le nom de Tolkien. Mais, avouons-le, il n'avait jamais ouvert le moindre bouquin du dit monsieur. Ou peut-être il y a fort longtemps, dans une époque révolue, une édition en anglais trônant sur la table d'une cuisine.
Loin d'abandonner l'idée de faire la conversation à son voisin, Miecz reprit la parole.

-Han, je connais, je crois. Y ont fait un film, non ? Ou bien des bouquins qu'il y a... Avant ? Nan, après. Je sais plus. Je l'ai su un jour ! Le truc avec la bague là.... Ha ça va me revenir !

Mieczeslaw, dix-sept ans, capacité : conversation solitaire Lvl 63, Chieur Lvl 81.

La réponse du jeune homme lui faisant face prit de court le peu « culturé » Mieczyslaw. Inclinant la tête ver son épaule, passant la main dans ses cheveux, le polonais cherchait dans sa faible mémoire.

-Uuuh… Peut être ? C’est une actrice ? Ella à joué dedans ? Le truc, genre heuu, le titre… « Le seigneur des alliance » ? Si, si, heu, tu sais le truc avec genre un nain, des petits poilus, une blonde… Enfin, genre heu, un elfe quoi… Y a des mammouths, pis des grandes bataille classes et un volcan à la fin… Raah…

Ouais, il s’enfonce, et il creuse. Il gesticule comme pour mettre ses idées en ordre… Comme pour se rendre intéressant. La stratégie des gosses de CP.

Le visage du polonais se fendit d'un sourire crétin. Bien que se doutant légèrement qu'on se foutait de sa gueule, il était heureux d'avoir là une amorce de discutions. Ça ne vole pas bien haut entre ses deux oreilles.

-Hum, parfois ça manque de licornes mais je m'en remet, ces sales bêtes ne sont bonnes qu'à cracher des arcs en ciel. Et puis les robinets ne donnent pas du jus de myrtille, c'est triste, ça me manque. Le jus de myrtille est plein de vitamine A, tu savais, c'est très bon pour les yeux.

C'était le genre de type qui, plutôt que de se taire aimait laisser couler des paroles absurdes. Follement absurdes. Des trucs dignes d'un gosse de trois ans drogués à la LSD au pays des bisounours.

-Huuum, au fit, c'est quoi ton nom ?

Peu lui importait d'obtenir une réponse véridique, mais c'était sans doutes là un topos de conversation de laverie.

Une lueur dans un sombre monde. Dans un sombre monde où 53,2% des filles s'appellent Marie ou Julie, où 57,4% des garçons se voient affublés du nom de Léo ou Pierre. Dans ce monde, il y a aussi un Judgement et un Mieczyslaw. Alléluia, il a les yeux qui brille.

-Mais c'est.... C'est genre trop total la classe !

Admirez les intonations "pauvre ado décadent" de cette phrase qui ferrait friser la dépression à n'importe quel linguiste.

-Moi, c'est Mieczyslaw, enchanté Judgement~

À tes souhaits vieux. Autant pour ton nom que pour ton accent anglais.

Miecz aurrait adoré que l'on lui demande l'écriture de ce curieux prénom. Il aurait adoré, car, en bon chieur qui se respecte, il aurait répondu ce qu'il répond toujours à cette question "Comme ça se prononce". Une phrase tellement répétée que toute personne s'étant vu présenter le jeune homme savait que son petit nom s'écrivait "Comme ça se prononce" et de disait "comme ça s'écrit", de quoi avoir envie de la baffer.
Il secoua la tête.

-Juste au dessus, Pologne ! Mes parents voulaient que ça change un peu...

"Un peu" ? Serais-ce une litote dans la bouche d'un type qui fait trois fautes par mot ?

Miecz toussota. Il était heureux d'avoir un nom aussi improbable, en France, cela faisait toujours son petit effet... Il avait cependant été regardé bizarrement par sa famille lors de quelques improbables réunions et cousinades.

-Huuum... Plus ou moins l'équivalent d'un prénom genre, heu... « Marcel » ou « Michel »...

Il avait baissé d'un ton, ce genre de détail casse un mythe. Oui, c'était un nom dont la période de gloire se situe dans les années trente. Une précision qu'il évitait en général de hurler à tout vents...

Miecz eu une moue boudeuse. Oui, son idéal de classe ultime se brisait en se heurtant à ce simple détail.
Kyllikki entre, Kyllikki fait du bruit. Le polonais fit une petite grimace à son amie nordique le genre d’expression qui signifie « tu tombe mal, mais on ne peut rien y faire. » Il sentait bien le poisson lui échapper des mains mais n’était pas assez dégourdi pour le rattraper correctement.

-Hum ? Que se passe-t-il ? Un problème ? La guerre est déclarée ? Il y a choucroute garnie au self ? Les extra-terrestres ont débarqué et exigent une lobotomie générale ?

Il n’y avait pas grand chose à lobotomiser chez Miecz. Sauvé mon dieu.

Saint Valentin. Le genre d'événement où le seul intérêt du polonais résidait dans les chocolats exposés en vitrine des confiseries. St Valentin, pas St Mieczyslaw. Là, c'est le moment où le neurone se réveille, vaguement. Et du coup, Made In Poland imite un peinte norvégien. Edvard Munch, Le Cri. Version laverie et fluokid.

-Ho... Holy fucking shit, Culbidon !

Voilà, on sait causer anglais quand on veut. Double choc, le voilà avec un truc fait de papier entre les mains, le genre de truc qu'il n'avait pas touché depuis... Allons, depuis son entrée en sixième. En plus le livre en question fait plus de cent pages. Par réflexe il attrape la manche de l'anglais.

-Attends ! Je peux pas lire ça ! C'est heu, épais ! Long ! Écrit petit !

On sent la détresse du type qui se retrouve face à une épreuve digne d'un Hercule sous testostérone.