Couloir, trois heures du mat'. {Free}

Dieu du ciel (oui ? Moi ? On m'appelle ?) Que ce couloir était long. Mieczyslaw arrêta bien vite de s'abimer la pointe des pieds sur le lino, ses pas se furent plus sonores, mais qui y prêterait attention à cette heure-ci ?
Mein gott (quoi encore ? ) il n'était apparemment pas seul à ne pas dormir, une demoiselle semblait perdue et se demandait à elle même sa position géographique.

-Hum, présentement, tu est dans le couloir du dortoir des mecs des Sorrows...

Allons bon, peut-être sortait-elle de la chambre d'une conquête ? Mieczy était habitué à ce cas de figure avec Eva...

… Wait, techniquement parlant, les habituées au squattage de chambre de leur amant savent au moins sortir de là… C’est quand même le strict minimum. D’ailleurs, une de ses connaissance était capable de quitter le dortoir de 37 manières différentes, sans se faire pincer pas les pions.
Quoique la demoiselle ne semblait pas sortir d’entre les draps. Pas assez ébouriffée… Heu, donc… La sortie…

-Tu prends le couloir tout droit, là, tu tournes à droite, puis troisième à gauche, tu défonces la grille d’aération au plafond, tu y rendre en mode Spiderman et tu rampe jusqu’à la chaufferie.

Mieczyslaw, ou comment faire chier le monde en racontant n’importe quoi.

Mieczy entretenait des relations on ne peut plus cordiales avec ces sucres de surveillants. Enfin, à sens unique mais bon. Après tout, rien de plus divertissant que de raconter des trucs absurdes avec un grand sourire. Un peu de joie dans ce monde de dépréssif quoi. (Quoi, il en faisait partie ? Osef quoi.)
Le polonais donna un coup de bouteille vide sur le crâne de la demoiselle.

-Suis moi, j'vais aux lavabos, la sortie est au bout du couloir, c'est sur mon chemin. Techniquement l'alarme est coupée, enfin, bricolée, suffit d'un bout de plastique pour couper le contact.

WTF. Ayé, ayé, malgré la pénombre, Miecz' remarqua un certain trouble chez la demoiselle. A noter : éviter de trop secouer les autres Sorrows, les Pains non plus, ils seraient capables de lui faire une clé de bras pour moins que ça...

- Ecoute, je t'accompagne jusqu'à la porte, okay ? Comme ça on est sûrs que l'alarme ne sonnera pas... Après pour aller au dortoir des filles, normalement c'est en face, mais je ne suis pas habitué à y trainer...

L'invitant à le suivre, le polonais se mit en marche vers la faible lumière de l'ampoule "Issue de secours".

Purée, déjà trois heures du mat'. Bon, une petite clope à la fenêtre pour la route, et go. Après un "allez, bye cutie !" à son partenaire du soir, Eva ramassa son pull et son pantalon, les posa sur son bras puis sortit de la chambre, mode "ninja" activé. Manquerait plus qu'elle réveille le pion. Ah, le calme nocturne du dortoir Sorrow mascul... Ah, pas si calme que ça, puisque des voix avançaient derrière elle. Demi-tour gauche, identification des noctambules et...

- Hey, Mieczy ! Qu'est-ce que tu fous debout avec une fille à cette heure-ci ?

[HRP : C'est Mieczy qui m'a dit que j'pouvais squatter...]

Bien que les gonds soient un minimum huilés, il est aisé, en étant éveillé et un minimum attentif d'entendre le feulement d'une porte qui s'entrouvre dans la nuit. Et alléluia, invasion de filles dans le dortoir des mecs, à croire que c'était Miecz' qui s'était gouré de couloir.

-Hi Eva ! Encore là à cette heure ? C'est mal. L'exhibitionnisme aussi c'est mal. Vilaine fille.

Et pour dissiper les derniers doutes de la bestah :

-Non, je ne vire pas bi, je joue au GPS.

Bon, la rencontre était suffisamment intéressante pour faire demi-tour. Mieczy avec une fille ! Sur le point de pleurer en plus.

- Bonsoir ! Ouh, ça va pas toi. Mieczy, faire pleurer les filles, c'est mal. J'comprends mieux pourquoi t'es gay. Et j'suis pas exhibitiotruc, flemme de me rhabiller. Et genre tu sers de GPS, tu serais capable de te perdre en ligne droite.

Et de se tourner vers la fille en question :

- Surtout l'écoute pas, il est un peu con. Ca va, pas trop traumatisée ? Si, ça se voit. Viens faire un câlin à tata.

Paf, la tête entre les seins.

Le juge Eva était dans la place, ayé, il allait en prendre plein la gueule. Préparer sa défense.

-Je suis innocent ! Heu... Je... Heurm... On va dire... Potentiellement...

Fail pour le plaidoyer. Attendez, là, la demoiselle risque de manquer d'air. Un peu.

-Eva ! N'essaye pas d'étouffer les gens entre tes seins. Et ne hurle pas, il est tard.... Tôt en fait. C'est mal.

Combien de « c'est mal » en trente secondes ? Et la bouteille d'eau, c'est la marmotte qui la remplit ?
Les dortoirs surchauffés amènent à des discussions capitales, n'est-il pas ?

Ouah, inondation sur le t-shirt déjà moulant. Ah tiens, elle avait oublié de remettre son soutien-gorge, qui gisait sans doute abandonné sur le sol d'une chambre quelconque.

- Tu vois, Mieczy ? Maintenant elle pleure ! C'est de ta faute ! Une fille ça se traite avec douceur, ça a besoin d'amour, tu entends, d'amour !

Et à chaque mot, on serre un peu plus le corps frêle de la jeune fille contre soi pour appuyer ses propos.

- D'ailleurs, tu m'as toujours pas expliqué ce que tu faisais, avec une bouteille vide et une fille, dans le couloir, à trois heures du matin...

Rohlala, voilà qu'il se retrouvait accusé de tout le mal sur terre. C'est triste la vie.

-Très chère, j'te rappelle que l'amour c'est bien beau, mais l'être humain a aussi besoin d'oxygène pour vivre. Donc bon l'amour hein...

Et surtout, il n'y avait qu'un seul individu capable de prétendre à l'amour du polonais... Ne nous étendons pas là dessus.

-Avec la bouteille, je vais chercher de l'eau pour m'hydrater, et la mademoiselle, je lui montre le chemin vers la sortie. Je... Je suis adorable je t'ai dit ! Et serviable, et gentil !

Bien sur. Potentiellement un peu crétin aussi.

Oh, un murmure étouffé qui s'échappait de vers sa poitrine. Non non, Eva n'était pas devenue ventriloque des seins sans s'en rendre compte. C'était juste la jeune fille qui avait envie de s'exprimer, au lieu de les laisser discourir sur ses besoins sans lui demander son avis.

Mais tu parles ! ... Hein ? De quoi ? Te laisser ? Awouaih, peut-être, éventuellement. Mais te laisser où ? D'ailleurs, vu que ce crétin de polonais est incapable de m'expliquer ce qu'il se passe... Tu venais voir qui, toi, dans le dortoir ?

Hop, relevage de tête vers le crétin de polonais en question.

Han, si tu savais qui je me suis fait ce soir...

Crétin ? Qui ? Où ça ? Attendez, y avait d'autres polonais dans le bahut ? Trêve de plaisanterie. Mieczy connaissait assez la brune pour savoir qu'elle parlait de lui.

-Je crois que t'es en train de remettre en cause ma faculté à m'exprimer. Mais tu m'excusera, il est trois heures du matin, et mon bulbe crânien se dessèche. Fuck.

C'est distingué ça. Mais que voulez-vous, le pauvre, il ne se sent pas à sa place là... Ne demandez jamais à un type comme ça de faire la psychologie.

-J'dirais... Le nouveau, chambre 5 ? Tu en sors je te rappelle.

Mémo personnel : laisser respirer les gens quand on leur pose une question, c'est mieux. Donc, l'idéal, c'est de les lâcher un peu. N'est-ce pas Eva ? Voilàà, c'est mieux. Comme ça en plus tu peux voir quelle tête a la petite.

-Hééé, mais t'es Krystal, la petite cutie qui est arrivée l'an dernier ! C'est bizarre, j'aurais jamais pensé te croiser dans le dortoir des mecs... Toi qui es tout le temps toute mignonne toute sage !

Mémo personnel n°2 : quand on essaye de pas se faire choper, gueuler à trois heures du matin dans le couloir, c'est pas top.

Et après on dit que Miecz’ est un abruti qui fait peur, sans une once de tact. Certes, c’est vrai, mais Eva fait jolis aussi, dans le genre. On parle peut-être pas de la même chose, mais hurler dans le couloir de l’internat à trois heures du matin, c’est un coup à s’attirer les foudres des endormis. Hop, on plaque sa main sur la bouche de l’indiscrète.

-Shhhhhhht ! Tu va attirer les pions ! Prends exemple sur… Krystal, c’est ça ? Enchanté, je suis Mieczyslaw Szeczepanski~

Et là, c’est le moment où on demande comment ça s’écrit. Lulz.